La République ganache incriminée ou le porte-à-faux ministériel
Dans les années 1930, la France traverse une crise de gouvernementalité, en témoigne la multiplication des coalitions gouvernementales, alors dominées par des radicaux et des modérés du centre-droit. Or, les radicaux adoptent une position largement flottante : ils participent tantôt à des majorités de droite, tantôt à des majorités de gauche. Les gouvernements ainsi formés sont-t’ils incapables d’adopter une posture constructive ainsi qu’homogène. L’affection institutionnelle s’accroît. L’Assemblé ne joue guère son habituel rôle législatif traditionnel, la grande majorité des mesures demeurant alors prises par les gouvernements usant des décrets-lois. L’amoindrissement du rôle joué par les présidents de la République, l’influence grandissante des ligues et groupes de pressions tel celui des anciens combattants rendent bien compte du fait que le régime en place ai passé l’arme à gauche.
De là une montée en puissance ainsi qu’un regain de crédibilité pour l’antiparlementarisme. Les élections de 1928 débouchent sur une majorité de droite à la Chambre des députés. Tardieu, alors trois fois président du Conseil, donne un nouveau souffle à l’appareil productif ainsi qu’aux multiples structures sociales, telles les allocations familiales, les assurances sociales, ou encore en institutionnalisant la gratuité de l’enseignement secondaire en France. Les socialistes se rebiffent et refusent d’adhérer aux gouvernements, s’opposant, par là-même, à l’établissement d’une politique à orientation libérale par le Parti des Radicaux. Le pouvoir, alors perclus et impotent, ne peut que constater l’étendue de la crise économique. Parallèlement, les ligues d’extrême droite progressent. Les strates moyennes, alors commotionnées par la recrudescence des scandales financiers, lesquels ternissent les hommes politiques, aspirent à davantage de pouvoir. Elles deviennent de plus en plus réceptives au discours des ligues d’extrême droite qui pullulent, parmi lesquelles les Jeunesses patriotes, le Francisme ou encore Croix-de-Feu… Légataires des modes nationalistes du XIX° siècle, les susdites ligues sont également parfois influencées par le dogme fasciste. Elles partagent d’ailleurs leur défiance et répugnance à l’égard du régime parlementaire, leur animosité vis-à-vis des communistes, des socialistes ou bien encore des Juifs. Véritablement, leur essor donne à voir, en filigrane, le profond mécontentement des Français face aux « réponses-bâteaux », alors suggérées par les divers partis politiques de tout bord dans l’échiquier politique.
Un scandale politique et financier, l’affaire Stavisky participe au renforcement de l’irritation à l’égard du régime. Alexandre Stavisky, banquier corrompu, a détourné des millions dans des « carottes », alors couvertes et facilitées par des collaborations politiques. L’affaire éclate au grand jour en 1933. Dès lors, les ligues se surexcitent et ne manquent point de décrier le régime parlementaire. Des manifestations organisées le 6 février 1934 devant l’Assemblée se muent en émeutes. Le gouvernement de Daladier démissionnera le lendemain… Le gouvernement flanche et abdique face à la pression de la rue et à l’agitation montante… Première sous la III° République.